Jeudi 13 octobre, à partir de 18h sur le parvis des Droits de l’Homme à Bordeaux, plusieurs associations de maraude de Bordeaux ont appelé à un rassemblement- conférence de presse pour expliquer les causes de leur mise en grève.

Les associations de maraude en grève depuis lundi 10 octobre
Une maraude sociale se définit généralement comme une distribution alimentaire dans la rue à destination des personnes qui n’ont pas de quoi manger et souvent sans abri. Depuis lundi 10 octobre, des associations de maraudes bordelaises se sont mises en grève pour exprimer leur ras-le-bol concernant le manque de moyens financiers, humains et matériels pour répondre aux besoins vitaux d’un nombre grandissant de personnes à Bordeaux qui n’ont pas de quoi se nourrir. Sans en faire une liste exhaustive, les associations Les Gratuits Gironde, La Maraude du Cœur, Les Diamants des Cités, Des Gâteaux Solidaires étaient présentes jeudi 13 octobre, ainsi qu’une petite centaine de Bordelais.e.s impliqué.e.s et solidaires, pour expliquer les causes de leur grève et lire à la presse une lettre ouverte présentant les constats et les propositions d’urgence pour améliorer les conditions des personnes vivant à la rue.
Pour ces associations, la grève est devenue la seule manière de se faire entendre et de médiatiser une situation qui ne peut plus durer : militant.e.s qui sont obligé.e.s d’accueillir chez elles.eux des sans-abri par manque de places dans les structures d’accueil, qui utilisent leur appartement comme local d’association par manque de moyens matériels mis à disposition par l’État et les collectivités, qui sont obligé.e.s de couper en deux des croissants par manque de subvention pour nourrir davantage de personnes sans domicile ces derniers temps sur l’agglomération bordelaise. La grève « illimitée », depuis lundi, c’est pour certaines associations l’arrêt de presque toutes leurs activités et pour d’autres la poursuite d’une majorité d’entre elles avec des inscriptions « en grève », comme les soignants ont pu le faire dernièrement.
Des mesures d’urgence nécessaires !
Des mesures d’urgence sont réclamées avant que l’hiver commence, pour ne pas revivre les situations intenables de l’hiver dernier et de cet été. Les associations de maraude sont le dernier des maillons de la chaîne de solidarité vers lesquels sont renvoyés, par les pouvoirs publics et les services sociaux, les personnes sans abri lorsqu’aucune solution administrative ne peut être trouvée. Mais les associations n’ont pas les moyens financiers, matériels et humains pour répondre à l’augmentation de la pauvreté et au désengagement financier de l’État.Dans la lettre ouverte figure notamment « l’ouverture immédiate de 1 000 places d’accueil et la mise à disposition d’abris complémentaires en cas de températures inférieures à 10 degrés (gymnases, réquisitions d’hôtels, etc.) », l’accueil des familles complètes sans séparation des couples ainsi que des personnes avec leurs animaux domestiques (qui s’apparente souvent à leur seule famille), et « une politique d’accompagnement plus efficace puisque la mise à l’abri des personnes à la rue n’est pas une solution pérenne ».
Une politique nationale délétère pour les sans-abris
Les associations interpellent la Préfecture de Gironde, qui a convié plusieurs associations à une réunion le 26 octobre, mais aucune de celles qui sont en grève depuis le 10 octobre. Celles-ci appellent la préfecture à respecter l’article L345-2-2 du code de l’action sociale et des familles, qui précise que « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence ». Au contraire, la préfète Fabienne Buccio a multiplié les expulsions de squats dans l’agglomération bordelaise cet été, qui ont mis plus de 800 personnes à la rue. Dans la même logique économique et sociale mortifère, le gouvernement prévoit dans le projet de loi de finances 2023, dévoilé le 26 septembre, de supprimer 14 000 places d’hébergement disponibles sur le territoire national alors même que les besoins en la matière sont insuffisants. Ce sont 7000 places en hébergement d’urgence en 2023 qui seront supprimées, qui s’ajoutent aux 7000 places, initialement créées pendant la crise du Covid-19 puis maintenues à l’issue de la trêve hivernale, qui ont progressivement été supprimées au cours de l’année 2022.