Vers une union de la gauche caviar aux européennes ?

Image de Raphaël Glucksmann, candidat aux élections européennes.

L’ex-eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit, qui soutenait le chef de l’État depuis 2017, lui reproche d’avoir tourné le dos au « en même temps » pour installer « le centre droit au pouvoir ». Il appelle les écologistes à former une liste commune derrière le député européen Raphaël Glucksmann (Place Publique) aux européennes de juin 2024. Dans le même temps, l’ex-Président de la République, François Hollande a affirmé qu’il jouerait un rôle dans la campagne électoral, laissant supposer le soutien du Parti Socialiste à cette potentielle liste de gauche « social-libéral ».

Les controverses autour de Cohn-Bendit

Le parcours politique de Daniel Cohn-Bendit est une succession de virages à droite. D’abord militant anarchiste libertaire, « Dany le Rouge » accède à la notoriété durant le mouvement de mai 68, dont il est l’un des porte-paroles. N’ayant pas à l’époque la nationalité française, il est expulsé en Allemagne par le gouvernement français.

À partir des années 1980, Cohn-Bendit mène une carrière politique en Allemagne comme élu du parti écologiste Alliance 90/Les Verts à Francfort-sur-le-Main. Il devient député européen des Verts allemands en 1994 puis est réélu député européen sur une liste des Verts français en 1999, faisant à cette occasion son retour sur la scène politique française. 

Lors des élections européennes de 2009, il mène la liste d’Europe Écologie en Île-de-France. Sa liste se place deuxième avec 20,9 % des voix, un record pour le parti. Favorable à la mise en place d’une Europe fédérale, il est coprésident du groupe Verts/ALE au Parlement européen de 2002 à 2014.

Alors qu’il était affilié à l’extrême-gauche en mai 68, Daniel Cohn-Bendit effectue un progressif retournement de veste, jusqu’à adhérer au libéralisme économique tout en revendiquant l’étiquette de « libéral-libertaire ». Un non-sens tant le libéralisme économique est incompatible avec les thèses autogestionnaires.

Il a fait l’objet d’accusations de pédophilie, notamment fondées sur son ouvrage Le Grand Bazar, publié en 1975. Pour rappel, il a toujours rejeté ces accusations et n’a jamais été poursuivi en justice. Et pourtant, le passage est édifiant : 

« Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : ‘Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas d’autres gosses ?’ Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même ». « J’avais besoin d’être inconditionnellement accepté par eux. Je voulais que les gosses aient envie de moi, et je faisais tout pour qu’ils dépendent de moi.»

Le passé douteux de Glucksmann

Pour ce qui est de Raphaël Glucksmann, il a effectué le chemin inverse, passant du centre-droit au centre-gauche. En 2006, il est investi par Alternative Libérale pour être candidat aux élections législatives de 2007 dans la cinquième circonscription de Paris.

Chargé de présenter les projets de politique extérieure du parti, il intervient en tant que membre du parti en septembre 2006, aux côtés d’Édouard Fillias, à une conférence de presse. En 2019, il nie avoir voulu se présenter aux législatives sous l’étiquette AL, bien qu’il soit présenté comme candidat pour AL au moins jusqu’en mars 2007.

En 2009, il devient conseiller officiel du Président Géorgien de droite Mikheil Saakachvili et le considère comme « avant tout un ami ». Il le sensibilise à la question de l’intégration européenne de la Géorgie et participe aux discussions avec l’Europe face à la menace Russe dirigée par Vladimir Poutine.

En Géorgie, il « se flatte de servir d’intermédiaire » entre le président français Nicolas Sarkozy et Saakachvili et de défendre l’image du pays à l’extérieur, sur fond de souhait d’extension de l’Union européenne et de l’OTAN.

En octobre 2018, il participe à la fondation de Place publique avec des personnalités du monde associatif et politique. Un certain nombre de ses fondateurs quitteront le navire rapidement, dénonçant un manque de démocratie interne.

La vocation de Place publique est d’unifier la gauche, à l’exception de La France Insoumise, en vue des élections européennes de 2019, mais sa proposition est rejetée par Europe Écologie Les Verts et n’aboutit ni avec Génération.s ni avec le Parti Communiste Français.

Malgré de faibles résultats électoraux, il siège au Parlement européen et contribue à une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux concernant le génocide des Ouïghours. 

Il est plus que jamais un fervent soutien de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne, ce qui constitue un risque majeur pour la souveraineté économique de la France.

En effet, cela aurait pour effet de mettre les travailleurs français en concurrence direct avec les travailleurs ukrainiens dont le salaire moyen est inférieur à 380 euros par mois. On ne peut pas en même temps vouloir réindustrialiser le pays et ouvrir la porte aux délocalisations ! 

Cette dynamique fait craindre la signature de nouveaux traités d’austérité que subiront directement les peuples de pays membres de l’Union Européenne tel que le Traité de Maastricht, soutenus par le PS en 1992, qui a mis en place une économie de marché ouverte où la concurrence est libre, sous l’égide de la toute-puissante Banque Centrale Européenne.

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