
Le 4 septembre 2023, de nouvelles restrictions d’eau pour les Mahorais sont annoncées. À partir de ce jour, des coupures d’eau courante de 48h surviennent toutes les 24h, un quota de 2 jours sur 3 sans eau pour tous les habitants de l’île.
Une situation critique
Les tours d’eau ne sont pas nouveaux pour les Mahorais, mais les coupures d’eau sont désormais courantes sur le territoire. Au rythme d’une à deux fois par semaine sur toute l’île, elles ont lieu en fin de saison sèche et en début de saison des pluies, et ce depuis 2017.
La saison des pluies 2022-2023 fut particulièrement aride, Mayotte n’ayant pas connu une crise d’une telle ampleur depuis 1997. Cela explique en partie la violence des restrictions, mais révèle surtout les carences d’investissement public dans l’île.
Les problèmes d’accès à l’eau sont nombreux en outre-mer, le CESE (Conseil Économique Social et Environnemental) nous donne ces quelques chiffres :
– 31,7 % de la population mahoraise n’a pas accès à l’eau courante dans son logement et 59 % est dépourvue du confort sanitaire de base.
– Entre 15 et 20 % de la population de la Guyane n’a pas accès à l’eau.
– 1 habitant sur 2 de la Réunion ne peut pas boire de l’eau du robinet car impropre à la consommation.
Pourquoi des problèmes si nombreux ?
À Mayotte comme en Guadeloupe ou en Martinique, on s’en remet à la météo pour l’approvisionnement en eau. En effet, à Mayotte, 92 % de la ressource en eau provient de la pluviométrie, et seulement 8 % du dessalement de l’eau.
Le département est donc plongé dans des situations de sécheresse pour toute saison des pluies en dessous des prévisions. C’est pourquoi il est important de réinvestir massivement dans les infrastructures hydrauliques, pour rééquilibrer la balance.
Une colère qui ne se contient plus
Le 28 juillet 2010, l’Organisation des Nations unies adoptait la résolution sur “le droit de l’homme à l’eau et à l’assainissement”. Pourtant, le gouvernement français ne semble pas se soucier de l’assurer sur tout son territoire. L’eau courante n’étant pas disponible, les Mahorais s’approvisionnent en eau grâce aux grandes surfaces, à l’eau en bouteille.
Or, cette eau devant être importée, le prix crève le plafond. Il est essentiel de rappeler qu’en métropole un pack de six bouteilles coûte environ 1,20 €, alors qu’à Mayotte ce même pack d’eau coûte entre 5 et 10 €.
Alors que la précarité est un problème auquel font face la majorité des habitants de l’île, leur demander de se ressourcer grâce à l’achat de bouteilles d’eau leur impose une dépense à laquelle ils ne peuvent subvenir.
Des syndicats ainsi que le collectif Mayotte a soif organisent des rassemblements pour attirer l’attention sur la situation de la région. Sans résultats pour l’instant en raison de la trop faible mobilisation…
Que propose le Gouvernement ?
En 2016, le gouvernement Hollande mettait en place le plan Eau-DOM visant à accompagner les collectivités territoriales dans leur développement et à renforcer leur gouvernance. L’objectif était de développer un vrai service public d’eau potable stable et efficace dans les départements et régions d’outre-mer. Ce plan devait s’étaler sur 10 ans : 7 ans après le lancement, nous pouvons constater un bilan loin d’être glorieux.
Les actions du gouvernement actuel se sont d’ailleurs grandement éloignées des idées du plan Eau-DOM. Face à Mayotte qui traverse l’une des plus grandes sécheresses de son histoire, Philippe Vigier, ministre des Outre-mer, propose l’envoi d’une machine coûtant 8 millions d’euros à Mayotte pour fournir aux habitants de l’eau potable. Ce n’est qu’une solution pansement, qui ne permet pas de régler le problème sur le long terme.
Cet investissement n’est pas à la hauteur des enjeux. Rappelons que Mayotte compte 270 000 habitants, avec une augmentation exponentielle de la population ces dernières années.
Il est primordial que la gestion de l’eau revienne aux collectivités locales, Mayotte ne doit pas dépendre de la France métropolitaine pour réguler son eau. Des solutions plus stables que la pluviométrie existent : l’État se doit d’investir massivement dans des infrastructures telles que les usines de dessalement ou les réseaux de distribution des eaux.