
Le 4 octobre, le délégué général des Restos du Cœur, Jean-Yves Troyes, annonce que l’association devra refuser des bénéficiaires à partir de novembre pour la première fois de son histoire...
Une annonce historique
Non seulement l’inflation sur les produits alimentaires augmente le coût des plats et repas distribués par l’association (qui achète un tiers de ce qui est distribué) mais elle pousse également 200 000 bénéficiaires de plus à pousser la porte des Restos du Cœur l’an dernier (soit une augmentation d’environ 15% des bénéficiaires en un an).
Cette déclaration survient un mois après le premier signal d’alerte lancé par le président des Restos du Cœur, Patrick Douret, sur TF1 durant lequel il avait notamment demandé des “réponses concrètes, précises, immédiates, et le lancement d’un plan d’urgence alimentaire”.
Une réponse insuffisante de la part du gouvernement
En septembre, le Gouvernement Borne avait botté en touche face à l’appel de Patrick Douret en accordant 5 millions supplémentaires pour pallier le déficit alors que plusieurs dizaines de millions sont nécessaires pour maintenir le fonctionnement de l’association reconnue d’utilité publique. Bernard Arnault avait également fait un don de 10 millions d’euros, l’équivalent de 0,004% de sa fortune…
Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a cette fois répondu dès le 5 octobre sur LCI en estimant que “s’il y a besoin de revoir le plafond des subventions, il sera revu.” Il précisera également que la ministre des Solidarités, Aurore Berger, était d’ores et déjà en discussion avec l’association concernant les subventions ainsi que les modalités de fonctionnement pour que les Restos puissent rester ouverts.
Cependant, cette déclaration d’Attal est-elle juste un effet d’annonce ou va-t-elle réellement débloquer des fonds suffisants pour le bon fonctionnement de l’association ?
Les associations de solidarité au cœur de la vie des Français
Les Restos du Cœur ont maintenant plus de 38 ans. En 2020, la moitié des bénéficiaires avaient moins de 25 ans selon l’association. Cette association, que Coluche n’espérait que temporaire, est devenue – comme beaucoup d’autres associations sur notre territoire – un moyen essentiel de survivre pour plus d’un million de personnes sur le territoire français.
Quand 1 français sur 6 ne mange pas à sa faim – selon une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) publiée cette année; quand le Secours Catholique, le Secours Populaire de France et la Fédération Française des Banques Alimentaires soulignent “une intensification de la pauvreté”; quand Laurence Champier, directrice fédérale de la Fédération Française des Banques Alimentaires, annonce une hausse de 34 % des personnes accueillies depuis 2020 : on peut légitimement se poser des questions sur l’inaction et l’inutilité du gouvernement sur les questions de précarité de ses concitoyens.
Quand le gouvernement prendra-t-il ses responsabilités et permettra aux citoyens de vivre dignement sans devoir sauter des repas pour finir le mois et sans se reposer sur les associations pour déroger à son devoir ?