
Le conseil d’administration de l’Université Bordeaux Montaigne (UBM) a voté le 6 décembre 2024 un budget en déficit de 9,75 millions d’euros avec 16 pour, 15 contre et 3 abstentions.
Le déficit n’est pas choquant en soi car l’Etat prive l’UBM d’environ 3 millions supplémentaires cette année. Il reste néanmoins plus de 6 millions de déficit à expliquer :
Le président parle de faire des efforts mais ce sont des choix et il faut les examiner. Les réductions de capacités d’accueil ou la fermeture de sites délocalisés sont cohérentes avec le contexte de réduction de l’accès aux études supérieures. Faire un choix, c’est aussi définir quels recrutements on propose. Le constat sur le manque d’enseignants à l’UBM et la nécessité de recrutement est clair. L’Université a souffert depuis au moins une décennie du non remplacement des départs à la retraite. C’est la conséquence directe de la politique d’austérité de l’Etat que l’université répercute. Or les besoins sont croissants et pour répondre à la demande, l’UBM est obligée de faire toujours plus avec toujours moins de moyens.
Le remplacement de neuf départs à la retraite est un bon signe mais qui va le payer ?
Ce déficit historique est comblé par un prélèvement sur le fond de roulement de l’UBM. Il y a 13 millions dessus qui servent à investir dans des projets d’infrastructures, d’immobilier, de rénovations et d’assurer un minimum de quinze jours de fonctionnement si l’Etat venait à ne plus pouvoir financer l’Université. Ce budget prévoit de combler le déficit en prélevant 12 millions sur le fond de roulement. La conséquence est le gel immédiat de tous les projets d’investissements. Il ne resterait que quatre jours de fonctionnement assurés d’après le Rectorat de Bordeaux qui demande déjà des mesures pour rétablir la stabilité financière de l’UBM.
Si cette solution pourrait nous tirer d’affaire cette année, que va-t-il se passer l’an prochain, avec des coûts qui vont augmenter et des finances dans le rouge ?
Dépenser le fond de roulement aujourd’hui pour combler des dépenses de fonctionnement en arrêtant tout investissement est extrêmement risqué. Le spectre de la mise sous tutelle par le Rectorat plane et entraînerait des gels de postes, des réductions drastiques de capacités d’accueil, l’arrêt des revalorisations salariales… Inutile de préciser que ce risque a été pris dans un contexte politique sans gouvernement, ni ministre, ni budget.
Que faire ?
Des Universités se mobilisent avec des journées « fac morte » comme à Lille ou en Lorraine, des assemblées générales comme à Clermont-Auvergne, et une pétition comme à Reims- Champagne-Ardennes. France Universités a organisé le mardi 3 décembre une conférence de presse avec une trentaine de présidents d’universités, en physique et à distance. UBM n’y était pas. L’UBM a simplement fait un communiqué le 27 novembre et une banderole.
Épilogue
Le 18 décembre le ministère a informé la fac de ce qu’il versera vraiment à l’Université. Les prévisions sont pires que prévues et une diminution de 15% du budget est demandée à tous les services. Cela arrive après le vote du budget, au-delà du scandale démocratique, cette décision est un clou supplémentaire dans le cercueil d’un service public déjà en crise profonde.
Antoine Weidmann pour l’UEC