Le 10 juin se tenait la marche des fiertés de Bordeaux. À l’occasion de cette pride, nous rencontrons Olivier Escots, élu communiste à la mairie de Bordeaux et adjoint au maire chargé du handicap et de la lutte contre toutes les discriminations.

Quel sens a la Pride aujourd’hui pour vous ?
“C’est une journée importante puisque depuis la pride de l’an dernier, l’extrême-droite s’est énormément manifestée sur l’espace public. Elle a attaqué la pride l’an dernier, avec un groupuscule qui était monté sur la maison écocitoyenne. Puis, tout au long de l’hiver et du printemps, on a vu des groupuscules d’extrême-droite agir sur l’espace public, faire des tags sur des associations. Au-delà des associations intervenant pour les droits LGBT, toutes les associations intervenant pour les droits des personnes migrantes, la lutte contre les discriminations, la lutte contre le racisme, ont été ciblées. On a été amené à faire des procédures devant les tribunaux. Les auteurs de ces actes ont été condamnés récemment. Et en même temps, dans l’adversité, on a constaté que le lien entre les associations elles-mêmes, entre les associations et les institutions, comme la mairie de Bordeaux, a été renforcé. On travaillait déjà beaucoup ensemble et cette année ça a été renforcé, donc on est contents d’être là aujourd’hui à la pride. C’est l’aboutissement de cette année où on a travaillé ensemble.”
La Marche des Fiertés est une manifestation politique des droits qu’on a gagnés. Quel est le bilan sur la ville de Bordeaux ?
“Au-delà de la pride, le travail entre la ville de Bordeaux et les associations est tout au long de l’année. On travaille avec une commission LGBTQI+ de la ville de Bordeaux. Il y a une grosse vingtaine d’associations qui viennent. Je fais venir systématiquement mes collègues élus sur d’autres thématiques : l’adjoint à la culture a pu venir, l’adjoint au sport, l’adjointe chargée de l’accès aux droits, l’adjointe chargée des sujets de santé. Il faut que ces politiques de soutien des droits des personnes LGBTQI+ soient portées par l’ensemble de l’équipe municipale. Et je crois que, peu à peu, on y arrive. Quand on voit comment les établissements culturels de la ville de Bordeaux sont mobilisés ou le groupe de travail qui est mené par la ville de Bordeaux et le Girofard sur l’accès aux soins des personnes trans, on voit bien que l’ensemble des politiques publiques s’emparent des sujets des droits des personnes LGBTQI+, et j’en suis assez content.”
Concrètement, comment les politiques publiques se sont emparées des questions LGBTQI+ ?
“Lors du mois de la petite enfance, organisé par le réseau des bibliothèques de Bordeaux, on organise une trentaine d’événements, quasiment tous axés sur la lutte contre les stéréotypes de genre et les stéréotypes liés aux orientations sexuelles de manière générale. Il y a eu beaucoup de mobilisation et d’événements là-dessus, on fait venir l’artiste drag autour de l’atelier maquillage pour parents et enfants. Ces sujets là ont crispé l’extrême-droite qui a voulu le faire annuler. Ça montre bien qu’en faisant ce type d’actions on fait bouger des lignes, et qu’il y a besoin de la société pour faire bouger ces lignes. Il y a une partie minoritaire identitaire qui voit que la société change et que son monde change et lance ses derniers feux. Bordeaux participe à ce que la société soit plus inclusive, plus apaisée, et c’est comme ça qu’on souhaite la travailler.”
Pourriez-vous revenir sur les mesures en faveur de l’accès aux soins des personnes ?
“Le Girofard et l’asso Ancres (Adelphes Non-Cisgenres Rencontre Entraide et Solidarité) nous avaient alertés, dans cette commission LGBTQI+, de cette difficulté d’accès aux soins et aux parcours de transition pour les personnes trans. Il y avait un réseau de professionnels de santé qui pouvait être mobilisé, et peu à peu ce réseau là devient saturé. Les personnes qui ont un parcours de transition sont obligées d’aller dans d’autres villes, ce qui peut amener des frais, ou se retrouver livrées à elles-mêmes et donc se mettre en danger en ayant des attitudes qui ne sont pas les bonnes. Donc, on essaye de se mettre en réseau, en lien avec le CHU notamment ou avec l’ordre des médecins. On a des professionnels de santé qui viennent se greffer à ce travail. Ça avance peu à peu, pas assez vite, mais en tout cas le sujet de l’accès aux soins des personnes trans est bien posé. On essaie de faire monter ce sujet, sensibiliser peu à peu les professionnels de santé dans l’accompagnement des personnes trans notamment pendant leur transition. On travaille sur la sensibilisation des professionnels de santé à l’accueil bienveillant qui évite d’outer les personnes dans les salles d’attente, par exemple. Prenons l’exemple d’une personne trans qui va chez son dentiste parce qu’elle a une carie : son identité de genre n’a rien à voir avec son problème de dent.”