
« Accusé de crime de guerre et de crime contre l’humanité, Benyamin Netanyahou répond sur LCI » la rediffusion sur Youtube de l’interview par LCI du premier ministre israélien par Darius Rochebin se nomme ainsi. Cette accusation fait suite à une demande de mandat d’arrêt émise par la CPI contre plusieurs dirigeants israéliens dont Netanyahu ainsi que le ministre de la défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il est d’ailleurs à noter que plusieurs membres du Hamas sont aussi ciblés par ces accusations. Selon le procureur “Ces crimes, selon nous, se poursuivent encore aujourd’hui”. Dans ce contexte, une question subsiste : qui soutient les criminels de guerre ?
Un criminel de guerre en prime time
LCI, grande chaîne d’information française détenue en partie par la famille Bouygues : une famille de milliardaires français, a diffusé une interview de Netanyahu. Des extraits de cet échange ont aussi été diffusés sur TF1, appartenant au même groupe que LCI, peu avant la diffusion sur l’autre chaîne.
L’interview commence par Netanyahu qui affirme que l’accusation n’est pas ciblée contre lui mais contre tout Israël. “C’est de la folie” précise-t-il après avoir fait allusion plusieurs fois à l’holocauste et prétend après “tout faire” pour éviter la famine à Gaza… On entend beaucoup l’accusé se défendre de l’accusation de crimes de guerre par l’utilisation de boucliers humains : « Il s’agit d’une stratégie du Hamas. Ils utilisent les civils comme boucliers humains. Nous faisons tout pour éloigner les civils des zones de conflits ».
Cette rhétorique typique de la propagande de guerre visant à diaboliser l’adversaire tout en présentant ses exactions comme des erreurs, dura peu durant toute l’interview de 30 minutes malgré les timides tentatives de la part de déstabilisation de l’interviewer vis-a-vis de Netanyahu avec des questions gênantes, mais n’offrant que peu de démenti sur la défense elle-même.
Par exemple sur les colonies illégales de Cisjordanie, Netanyahu répond “ce ne sont pas des colonies illégales” ce à quoi Darius Rochebin rétorque un inaudible “c’est le droit international […] est ce que vous les quitterez?” puis le laissera imposer son discours confus selon lequel le conflit actuel bénéficierait à tous les européens car les israéliens seraient la dernière défense face au terrorisme et l’islamisme. Il accusera par ailleurs l’Iran de vouloir envahir tout le Moyen-Orient pour commettre des actes terroristes en France, cette théorie complotiste n’étant par ailleurs en aucun cas interrogé par Rochebin.
Nous avons donc, à une heure de grande écoute sur deux des plus grands médias d’information nationaux, la diffusion de la défense d’un présumé criminel de guerre sans grandes contradictions. Ce n’est pas sans rappeler les différentes interviews d’un dictateur moustachue par des journalistes aussi bien français, que britannique ou américain jusqu’en 1940. Le livre Les entretiens oubliés d’Hitler (1923-1940) de l’historien Eric Branca fait mention de plusieurs interviews où Hitler se défend de sa politique guerrière et antisémite. L’une d’elle est assez édifiante par ailleurs : « Les Juifs n’ont rien à craindre tant qu’ils n’essaient pas de se mélanger avec nous » déclare-t-il ainsi dans un entretien avec Max Fraenkel datant du 23 janvier 1931
Au delà de cette pique historique, cette complaisance est dans la droite lignée de la politique de la France face aux exactions du gouvernement israélien et des chiens de garde comme BHL qui disent depuis 20 ans que ce n’est pas le moment de reconnaître l’état palestinien.
Des collabos dans les hautes sphères
Le premier nom qui vient en tête est Meyer Habib : brutal, insultant, accusant ses opposants d’antisémitisme sans motifs valables… C’est un fervent défenseur des crimes de guerre de l’extrême-droite sioniste israélienne parce que selon lui « un Juif ne sera jamais un colon en Judée-Samarie ».
Le député proche du premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, est le plus radical de son parti déjà pro-sionisme. Il s’exclamait « et c’est pas fini, et c’est pas fini ! » Suite à un bombardement orchestré par Tsahal.
Meyer Habib, est un politicien issu de la bourgeoisie, il débute jeune son militantisme auprès du Betar, mouvement sioniste extrémiste. Le compte X officiel de Betar France a, en 2016, appelé au “meurtre des Arabes”. Il fut ensuite vice-président du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France), une organisation aux vues extrêmement droitières.
En 2013, il est élu à la 8ème circonscription des Français de l’étranger qui comprend entre autres, Israël. Les expatriés en Israël représentant la moitié des inscrits de la circonscription, autant dire qu’il est légitime de se demander pour quels intérêts Meyer Habib travaille.
De plus Meyer Habib se réclame appartenir à « la terre d’Israël, le peuple d’Israël, la Torah d’Israël« . Lui qui doit son élection à une abstention supérieure à 90% pour son premier mandat, l’agent du Likoud ne représente donc quasi personne.
Il est réélu en 2017 et en 2022 mais cette dernière élection est annulée par le Conseil Constitutionnel qui constate de nombreuses irrégularités, à savoir le relai d’appels à voter Meyer Habib de la part d’élus israéliens et d’autorités religieuses le jour même du scrutin et la mise en place de permanences téléphoniques pour proposer à des électeurs de voter à leur place sur Internet en utilisant leurs identifiants et mots de passe, ce que le Conseil Constitutionnel a considéré comme étant d’ « une particulière gravité« .
Face à cela, une partie de la « gauche » se montre molle voire complaisante,comme Raphaël Glucksmann (tête de liste du PS/Place Publique aux européennes) qui tâtonne à affirmer clairement sa volonté de voir un Etat israélien reconnu par la France et qui ne s’oppose pas fermement à la répression à l’encontre des étudiants pro-humanité mobilisé ou encore Carole Delga (PS) qui voulait « interdire » les rassemblements pour la paix en Palestine.