
Entré en vigueur le 10 octobre pour une durée d’un mois, le texte pris par la préfecture de police interdit les distributions alimentaires dans deux arrondissements de la capitale. Cette mesure inhumaine s’ajoute au palmarès déjà fourni qu’arborent les autorités de l’État à Paris.
Quelle est la valeur juridique de ce torchon préfectoral ?
Destiné à faire cesser les “nuisances récurrentes” provoquées par des “attroupements de personnes marginalisées”, l’arrêté préfectoral entend lutter contre les distributions alimentaires autour du boulevard de la Villette, des métros Stalingrad et Jaurès.
Dans deux considérants infamants, le préfet de police estime que la dignité humaine doit s’accommoder des exigences de sécurité, de tranquillité et salubrité publiques. Ces quatre valeurs sont effectivement des composantes de l’ordre public que doivent défendre les autorités locales… ici, au mépris de toute humanité.
Justifiant qu’un acte de solidarité occasionnerait de nombreux troubles dans le quartier, parmi lesquels la constitution de campements, l’arrêté entend purement et simplement priver les sans-abris de nourriture. Selon l’association Utopia 56, ce sont 200 à 500 personnes chaque jour qui seront affectées.
Ce que la préfecture oublie, c’est qu’en plus d’être une composante de l’ordre public, la dignité humaine est un droit fondamental garanti par la Constitution. Elle surpasse techniquement les exigences de sécurité ou de salubrité publique et s’impose à elles avec une plus grande autorité.
Les autorités de l’État sont également tenues de déployer tous les dispositifs d’hébergement d’urgence nécessaires aux sans-abris. Cette fois-ci, c’est le droit au logement, également protégé par la Constitution qui le demande. De toute évidence, l’arrêté pris le 10 octobre vient sceller de façon inhumaine le sort de personnes déjà victimes de l’incompétence de l’État.
Quel horizon pour les sans-abris de la capitale ?
Comble de la cruauté, les mesures en causes ont été adoptées au cours de la journée internationale de lutte contre le sans-abrisme. Mauvais symbole pour la Ville de Paris, où la situation des personnes sans-abri tend à s’aggraver.
En effet, l’actualité des derniers mois a été marquée par le démantèlement de plusieurs camps, notamment Porte de la Chapelle. Ces actes marquent l’échec de l’État a déployé une politique du logement à la hauteur des enjeux imposés par les devoirs d’humanité et de fraternité.
L’approche des Jeux olympiques risque encore d’endommager la situation. Le Gouvernement entend bien mener une politique agressive pour rendre la Ville Lumière “présentable” au monde entier. Exit donc toutes ces personnes malheureuses et démunies, qui ne font que refléter la misère belle et bien présente à Paris.
Ainsi, dans l’attente des réponses aux recours déposés par les associations d’aide aux sans-abris, il est indispensable de soutenir toutes les initiatives de solidarité organisées pour pallier l’inaction criminelle de l’État. Des mobilisations locales devront un jour fleurir dans tout le pays pour qu’enfin les SDF ne soient plus privés de leur dignité.