La businesswoman : une illusion de pouvoir pour les femmes ?

Votre rêve est de devenir une girlboss, une businesswoman ? Vous êtes au bon endroit, mais peut-être pas pour les raisons que vous pensez. 

De nos jours, les réseaux sociaux sont devenus une plateforme incontournable pour partager sa vie avec le monde entier. Cependant, avec l’avènement de la culture du « lifestyle« , certain.e.s influenceurs, influenceuses et célébrités ont commencé à promouvoir des modes de vie complètement déconnectés de la réalité sociale. Parmi elles et eux, les « businesswomen » sont de plus en plus populaires, présentant des modes de vie luxueux et des entreprises florissantes.

Cela peut paraître inspirant pour beaucoup, et être perçu comme un modèle de vie à imiter. Mais cette tendance à mettre en avant des standards inaccessibles pour la plupart des gens peut avoir des conséquences néfastes sur notre vision de la société et sur nos ambitions.

Dans cet article, nous allons examiner de plus près ce phénomène et ses implications en se concentrant sur le modèle des “businesswomen”.

La businesswoman, symbole d’émancipation ?

La figure de la businesswoman, femme d’affaires à succès qui inspire et encourage les femmes à poursuivre leur carrière dans le monde des affaires, est de plus en plus présente au quotidien et rayonne sur nos écrans. Cependant, la question se pose : ce modèle est-il un idéal d’empowerment, ou est-il plutôt une illusion de pouvoir ?

Au-delà du rêve, ce modèle risque de renforcer les inégalités de genre en perpétuant certains stéréotypes et en valorisant les traits de caractère comme la compétitivité et l’individualisme. Il est fondé sur l’idée que pour réussir dans le monde des affaires, il faut être agressif, ambitieux, déterminé et travailler dur. Ces caractéristiques sont souvent associées à des traits de personnalité traditionnellement considérés comme « masculins ».

De plus, ce modèle peut encourager les femmes à se conformer aux normes et aux attentes de la société en matière de réussite professionnelle, plutôt que de remettre en question le système lui-même. Ainsi, il peut limiter la capacité des femmes à travailler ensemble et à s’organiser collectivement pour lutter contre les inégalités systémiques qui existent dans notre société.

Une émanation du féminisme individualiste

Le féminisme individualiste, qui prône l’épanouissement personnel et l’émancipation individuelle, est souvent associé à ce modèle de la businesswoman. Selon cette vision du féminisme, les femmes doivent se battre pour leur réussite individuelle et leur reconnaissance dans tous les domaines, y compris celui des affaires.

Cependant, le féminisme individualiste est souvent critiqué pour son manque de prise en compte des inégalités systémiques qui existent dans notre société. La méritocratie, souvent mise en avant pour justifier la réussite individuelle de la businesswoman, est ainsi une illusion de justice sociale.

Car oui : la réussite individuelle est souvent liée à des facteurs sociaux et économiques, tels que la classe sociale, le genre ou l’ethnie, ignorés dans le modèle méritocratique. Il est nécessaire de prendre en compte les structures économiques et sociales qui limitent les opportunités des femmes. Le système capitaliste n’offre pas les mêmes chances et opportunités à toutes les personnes, car les inégalités économiques, sociales et culturelles sont profondément ancrées dans la structure même du système. Ainsi, le mérite personnel ne peut être considéré comme le seul facteur déterminant de la réussite dans un système qui favorise certains groupes au détriment d’autres.

Il est alors important de remettre en question le modèle de la businesswoman en tant que vision d’émancipation pour les femmes. Plutôt que de valoriser la réussite individuelle et la méritocratie, nous devons nous concentrer sur la lutte contre les inégalités systémiques et la construction d’une société plus juste et égalitaire pour tou.te.s.

Contradiction entre ce modèle et l’abolition des inégalités femmes-hommes

Dans un modèle de pensée marxiste, la contradiction entre le modèle de businesswoman dans un système capitaliste, et l’abolition des inégalités femmes-hommes, est intrinsèque à la structure économique capitaliste. Le capitalisme est fondé sur l’exploitation de la classe ouvrière par la classe capitaliste. Cette exploitation est rendue possible par la division du travail, permettant à la classe capitaliste de contrôler les moyens de production et de profiter de la valeur créée par les travailleurs.

Dans ce contexte, la question des inégalités femmes-hommes ne peut être résolue sans remettre en question la structure économique capitaliste elle-même. La division du travail qui sous-tend le capitalisme touche également la division entre les sexes. Les rôles traditionnels de genre assignent souvent aux femmes les tâches ménagères et de soin, comprenant des tâches non rémunérées (et donc non productrices de valeur) et renforçant la domination masculine.

Dans le système capitaliste, les femmes sont reléguées aux emplois les moins bien rémunérés et les moins valorisés, tandis que les hommes ont tendance à accéder aux postes de direction et aux emplois mieux rémunérés. La division des sexes se projette dans la division du travail : les femmes occupent majoritairement les emplois de soins et les emplois de service, tandis que les hommes sont plus nombreux dans les emplois de production et de gestion.

Le modèle de la businesswoman sous le capitalisme ne fait que perpétuer cette division des sexes dans la division du travail. Les femmes qui réussissent dans le monde des affaires sont célébrées comme des exceptions à la règle, et leur réussite individuelle ne remet pas en question la structure économique capitaliste qui maintient les femmes dans des positions de subordination.

En fin de compte, l’abolition des inégalités femmes-hommes exige une transformation radicale de la façon dont nous pensons le travail, le genre et la réussite. Il ne suffit pas de simplement célébrer les réussites individuelles de quelques femmes exceptionnelles : il faut s’attaquer aux racines structurelles de l’inégalité de genre. Cela signifie remettre en question les normes et les pratiques culturelles qui perpétuent l’idée que les femmes sont moins compétentes ou moins qualifiées que les hommes. Il faut réinventer une économie qui met l’accent sur la solidarité et l’égalité, plutôt que sur la concurrence et l’exploitation. Seule une telle transformation permettra de créer un monde dans lequel les femmes et les hommes peuvent vivre et travailler ensemble dans des conditions d’égalité réelle.

Que faire ?

Voici quelques pistes de réflexion et d’action pour avancer vers une société plus égalitaire et juste :

  • Remettre en question le système capitaliste : le système économique capitaliste est fondé sur l’exploitation de la main-d’œuvre et la production de biens et services pour le profit. Pour construire une société plus égalitaire, il est nécessaire de remettre en question les fondements mêmes de ce système économique et de construire des alternatives plus égalitaires et collectives.
  • Promouvoir des modèles d’affaires plus équitables : au sein du système économique actuel, il est possible de promouvoir des modèles d’affaires plus équitables et solidaires. Cela peut inclure des entreprises coopératives, des entreprises sociales ou des entreprises qui se concentrent sur la production de biens et services ayant une réelle utilité sociale.
  • Soutenir les mouvements féministes collectifs : pour construire une société plus égalitaire, il est nécessaire de soutenir les mouvements féministes qui se concentrent sur la lutte collective pour l’égalité des sexes. Cela peut inclure la participation à des actions de protestation, le soutien aux groupes locaux de femmes et aux organisations de défense des droits des femmes, ou encore la promotion de la diversité et de l’inclusion dans les espaces de travail.

Sources principales : 

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