Face à la “pénurie de profs”, les différentes académies ont pris des mesures pour recruter des contractuels. En septembre 2022, Bordeaux a opté pour la diffusion d’annonces dans la presse, tandis que Toulouse a mis en place les « mercredis du recrutement », s’inspirant ainsi de l’académie de Versailles.

Un statut précaire
Les répercussions de ces choix sont significatives. Bien que le gouvernement se réfugie derrière les inquiétudes des parents d’élèves pour justifier la décision de recruter des contractuels, certains candidats figurant sur la liste complémentaire ne parviennent pas à obtenir une mutation, étant donné que des CDD ont déjà été engagés. À l’Académie de Toulouse, vingt-six candidats sont restés sans emploi suite au recrutement de contractuels sur des postes prévus pour des enseignants titulaires.
Le statut de contractuel suscite des inquiétudes, puisque le gouvernement favorise le salariat au détriment de la fonction publique. En juin 2023, soit deux mois avant la rentrée scolaire, l’Académie de Bordeaux propose soixante-quinze postes d’enseignants en CDD sur le site de Pôle Emploi. Les salaires proposés varient de 1 500 à 2 000€ brut par mois, selon l’expérience. Il est important de souligner que seul un diplôme de niveau bac +3 est demandé pour être recruté.
Pour rappel, un professeur certifié en début de carrière perçoit environ 1 600€ net par mois pendant son année de stage. Après sa titularisation, son salaire s’élève à 1 698€ net, auxquels s’ajoutent des primes et des indemnités qui ne sont pas prévues pour les enseignants en CDD.
Un métier qui n’attire plus
Les conditions de travail déplorables, les difficultés liées aux mutations (notamment pour les jeunes enseignants qui ne disposent pas toujours des ressources nécessaires pour quitter la province et s’installer en banlieue parisienne), l’augmentation des cas de burn-out, sans oublier les classes surchargées, les heures supplémentaires non rémunérées et le manque de communication de la part de la hiérarchie, sont des facteurs qui dissuadent les potentiels candidats d’envisager une carrière dans l’enseignement.
Face à ces conditions désastreuses, le gouvernement joue à l’autruche. Il préfère recruter des personnes précaires pour exercer un métier précaire, avec une rémunération précaire, plutôt que de renforcer la fonction publique de l’enseignement, seule à même de garantir la stabilité dont l’école publique a aujourd’hui besoin.