
Le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie et son gouvernement œuvrent à la réouverture complète de la frontière avec le Venezuela.
Le rapprochement entre les deux gouvernements sud-américains était jusqu’alors impensable, tant qu’était au pouvoir la droite radicale colombienne. L’ancien maire de Bogotá, Gustavo Petro (en poste entre 2012 et 2015), a annoncé qu’il espérait une reprise des échanges frontaliers fin septembre. Soit deux mois d’exercice du pouvoir pour “rétablir des relations commerciales, culturelles, sociales, familiales et militaires” comme il l’indiquait le 22 juin.
Entre 2015 et 2019, la frontière avait partiellement été fermée par le Venezuela entre le département colombien Norte de Santander et l’État vénézuélien Táchira. À l’origine de ces incidents : des tensions entre les deux gouvernements à la suite d’affrontements opposant des civils aux forces de l’ordre vénézuéliennes, avec accusations par Maduro d’implication des forces paramilitaires colombiennes. Par la suite, c’est entre 2020 et juin 2021 que la Colombie avait décidé de fermer la frontière à cause de la pandémie. Les échanges commerciaux ont chuté, divisés par plus de 30 entre 2008 et 2020 (passant de 7.2 milliards de dollars à 221 millions).
En parallèle des rares routes légales partiellement ouvertes, existent des trochas. Ces chemins illégaux permettent de passer la frontière, et un quart des usagers sont des mineurs isolés. Elles sont contrôlées par des mafias faisant payer des “taxes” sur les personnes et les marchandises, qui peuvent rapporter jusqu’à des dizaines de milliers d’euros quotidiennement. Ces trochas financent les mafias et permettent d’approvisionner les trafics d’êtres humains, les réseaux de prostitutions… D’après l’État colombien, ces sept dernières années, au moins 25 000 mineurs non accompagnés auraient passé la frontière. Régulariser les échanges à la frontière avec une ouverture complète des routes légales permettrait de lutter contre ces mafias et leurs trafics.
Concrètement, cet objectif de Petro s’est traduit par une rencontre, dès le 28 juillet, entre son ministre des affaires étrangères désigné, Álvaro Leyva, et son homologue vénézuélien Carlos Faría. C’est seulement dix jours avant sa prise de fonction officielle que le gouvernement s’est mis au travail sur ce sujet. Depuis début septembre, des commissions techniques des deux pays se sont mises à l’ouvrage, l’objectif du mois étant la reprise des relations commerciales. Du point de vue diplomatique, on note également des progrès concrets : des ambassadeurs ont été envoyés dans chacun des deux États voisins, avec pour mission l’ouverture de consulats. Ainsi, tout semble mis en place pour remplir la promesse frontalière, nécessaire dans le dégel de la relation de ces deux pays “frères”.