Argentine : Milei, el loco presidente !

Le 19 novembre, les élections présidentielles en Argentine se conclurent par un plongeon dans l’inconnu. Dans la soirée, les agences de presse s’affolèrent de voir l’anarcho-capitaliste Javier Gerardo Milei largement élu, à 55,7%, pour la Présidence de l’Argentine, et ce en dépit des sondages qui donnaient son opposant, le centriste et Ministre de l’Économie Sergio Massa gagnant. 

Derrière cette victoire laissant un goût amer pour la population, une inflation galopante à 143%, un gouvernement péroniste mis en échec par le FMI qui étrangle les finances du pays, et une terrible campagne.

Ultra-libéralisme et ultra-conservatisme, un mélange glaçant

Entre une tronçonneuse pour couper les dépenses publiques et la messe tridentine si chère aux plus réactionnaires des catholiques, on retrouve le concept de l’extrême-droite Latinoaméricaine poussé à son paroxysme.

Les images de l’ancien chanteur de rock, arborant une moumoute au style démodé, faisant rugir une scie à chaînes en plein bain de foule et insultant lascivement le Pape comme les femmes ou les syndicalistes, prêtaient presque à sourire par le manque de crédibilité du nouveau président argentin. Quant à la nouvelle Vice-Présidente Victoria Villaruel, elle confirme toutes les inquiétudes du camp progressiste : le peuple argentin devra faire face à un gouvernement fasciste. 

Fille d’un haut gradé de la Marine Argentine durant la dictature (1976-1983), fidèle de la Fraternité Saint-Pie X, une branche intégriste de l’église niant l’autorité du Pape, négationniste des crimes commis par la dictature militaire et ouvertement hostile à la démocratie, elle déclarait lors de la campagne : « Comment imaginez-vous réparer un pays dévasté autrement que par la tyrannie ? »

Ainsi, Cette répression fantasmée deviendra sans doute réalité dès la mise en place des premières mesures annoncées par le président élu. 

Le choc des annonces, le poids de la finance

Ce lundi 20 novembre, l’exercice de la démocratie a pris la forme d’un double effet Kiss cool : si la gueule de bois s’empare de la société civile, la Bourse de Buenos Aires attrape la fièvre et flambe à +20% dès son ouverture.

Adoubé par les grands tenants de la fortune et du capitalisme mondial, Milei l’économiste se sent pousser des ailes et n’attendra pas son investiture prévue le 10 décembre pour dévoiler ses premiers actes en tant que président.

Cela commence par la privatisation de nombreuses entreprises et services publics, l’ancien polémiste cite YPF (pétrochimie), la télévision publique ou encore TELAM qui est l’agence de presse nationale. Si on se conforme à son programme, la notion de service public disparaîtra de l’Argentine, jusqu’aux écoles et hôpitaux.

Milei annonce également la dérégulation des loyers et l’ouverture d’une négociation entre propriétaires et locataires, négociation qui sera sans doute pipée, ainsi que la mise en place rapide d’une promesse de campagne : la disparition de la banque centrale argentine ; ce que l’ancien économiste de Pinochet et proche d’Éric Zemmour Charles Gave a rêvé. 

Javier Milei, qui désire une marchandisation extrême, veut aller jusqu’à donner la possibilité aux argentins de vendre leurs organes pour rembourser leurs dettes.

Victoria Villaruel de son côté à un souhait : constituer une internationale conservatrice rassemblant les extrêmes droites des pays latins. Signataire en 2020 de la Charte de Madrid du parti néofranquiste Espagnol Vox, elle accuse les gauches Latines de mener un « projet criminel sous l’égide du régime cubain ». 

À Madrid, l’avocate de profession en profite pour remplir son carnet d’adresses : la présidente du Conseil des Ministres italien, Georgia Meloni, Santiago Abascal, le président de Vox, mais aussi des fujimoristes Péruviens, des proches de Nayib Bukele, influenceur crypto devenu l’autoritaire Président du Salvador, le Chilien nostalgique de Pinochet Jose-Antonio Kast, Eduardo Bolsonaro, fils de l’ancien président Brésilien Jair Bolsonaro, ou encore Andrés Pastrana Arango, le très impopulaire ancien président colombien (1998-2002) au bilan morose, soupçonné de pédocriminalité. 

Conscients que ces mesures vont rencontrer une forte contestation dès le commencement de leur mandat, le Chef d’État élu et sa Vice-Présidente, bien que désirant un « chaos économique », souhaitent mettre de l’ordre dans les rues et « discipliner la société ».

Tous ces éléments présentent de sombres perspectives pour cette République née d’une révolution en 1810 qui fut à diverses reprises pionnières de la conquête des Droits Humains en Amérique Latine, comme en 2020 lorsque l’avortement, ouvertement remis en cause par Milei et son équipe, fut autorisé. 

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