
Il y a 105 ans, l’armistice mettant fin à une guerre ayant broyé la vie de 18,6 millions d’êtres humains a été signé. Il s’ensuivit le traité honteux de Versailles, affreusement humiliant pour les pays vaincus. En toute logique, une guerre encore plus meurtrière éclata 20 ans plus tard. La Grande Guerre n’était même pas finie que l’ensemble des pays Européens, les États-Unis, le Canada, l’Australie, le Japon, l’Afrique du Sud et la Chine, intervenaient militairement contre les jeunes Républiques Soviétiques, semant mort, destruction, chaos et néant.
Sitôt les Première et Seconde Guerres mondiales achevées, les nations occidentales, auto-proclamées « pays développés », continuèrent à envahir et asservir avec cynisme et barbarie les nations des continents asiatique (Indochine puis Vietnam, Corée…), africain (guerre d’Algérie, assassinat de Thomas Sankara) et latino-américain (coups d’État fascistes dans le cadre de l’opération Condor, organisée par les États-uniens contre les forces progressistes).
Pourtant, après toutes ces atrocités et leur rôle reconnu dans l’émergence du nazisme, nos dirigeants poursuivent avec cynisme une surenchère guerrière tandis que leurs motivations ont peu varié en 105 ans.
On nous répète sans cesse que « l’Ukraine doit vaincre », qu’il faut « mettre la Russie à genoux par une victoire militaire ». Cependant, les combats s’enlisent depuis de nombreux de mois, chaque camp a dépassé la centaine de milliers de morts (et d’autant plus de blessés). Toutefois, l’expérience du Traité de Versailles de 1919, de celui de Francfort en 1871 et de nombreuses autres capitulations nous prouvent que l’écrasement de « l’ennemi » par un traité sévère et injuste engendre le ressentiment, le sentiment de revanche puis la vengeance avant de déclencher à une nouvelle guerre peu de temps après. Alors pourquoi prétendre défendre l’Ukraine tout en poursuivant une surenchère belliciste dont celle-ci sera la première victime ?
Les médias et principaux dirigeants taxent d’antisémite quiconque dénonce la colonisation, l’apartheid et l’assassinat de civils palestiniens par l’État d’Israël. On nous rabâche qu’Israël « a le droit et le devoir de se défendre par tous les moyens » tout en sachant pertinemment que cela encourage leur gouvernement d’extrême-droite à poursuivre la destruction de vies humaines à Gaza. Cela ne fait qu’alimenter la surenchère guerrière avec les autres pays du Moyen-Orient.
Et que dire de la France se déclarant « amie de l’Arménie » tout en fournissant des armes à son envahisseur, l’Azerbaïdjan, dirigé par le même dictateur depuis 20 ans… et qui n’est autre que le fils d’un autocrate à la tête de ce pays avant lui ?
Tout cela, sans parler de la montée des tensions entre les États-Unis et la Chine au sujet de Taïwan.
Face à cela, les progressistes et pacifistes doivent prôner la paix dans l’intérêt des travailleurs et des peuples. Ce sont avant tout les civils, mais aussi les soldats (souvent contre leur gré), qui sont les premières victimes de cette barbarie, et non les dirigeants politiques et hommes d’affaires. Ce poème tend à le démontrer.
Que de maux infâmes n’ont pas soufferts
Les tristement soldats de la Grande Guerre
Le corps martyrisé par les morsures du froid
L’âme cauchemardée par les tourments de l’effroi
Les oreilles percées par le vacarme de l’artillerie
Les yeux figés sur l’immonde tableau de la barbarie
Les bouches glacées par les murmures de l’épouvante
Les pieds bloqués avançant sur la route de la tourmente
Arrachés de leur si tendre campagne
Séparés de leur si chère compagne
Déporté dans le séisme de ce criant vacarme
Ainsi furent-ils raccordés à la pureté de l’infâme
Les joues squelettiques, creusées par les privations
La colère bouillante, indignés par les exécutions
Nul peintre n’imaginant un décor si macabre
Que ce tas de corps déchiquetés au pied des arbres.
– Iban Delavoie.