Quel héritage politique de la gauche à travers les continents ?

Une semaine après la Fête de l’Humanité, les militants de gauche repartent sur le terrain plus déterminés que jamais. Ce moment de foisonnement des idées a été l’occasion de débattre et d’échanger sur les victoires et les possibilités de victoire du camp progressiste dans les batailles à venir. A ce titre, prenons quelques exemples des combats victorieux que la gauche a menés dans son histoire.

Avant de commencer, essayons de préciser ce qu’est pour nous une politique de gauche. Dans un espace et à un moment donné, les idées de gauche visent l’émancipation des individus au sein de la société. Ceux qui portent ce combat considèrent l’émancipation inachevée, d’où l’idée de “progressisme”.

Par opposition, une politique de droite cherche à maintenir l’ordre des choses en place, d’où l’idée de “conservatisme”. Certains cherchent même à revenir à des modèles d’un lointain passé glorifié, nous les appelons les réactionnaires.

Nous cherchons ici à cultiver le souvenir de cinq politiques de progrès humain, ayant eu des conséquences positives pour des millions de personnes à travers le monde.

En France : les Jours heureux par le CNR

En France, nous avons une démonstration des bienfaits d’un tel projet de société au quotidien grâce au programme du Conseil national de la Résistance (CNR). Conçu par les communistes du PCF et de la CGT ainsi que socialistes de la SFIO, il veut donner une réponse de progrès aux problèmes de la France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Afin de marquer le passage à une nouvelle ère, le programme est intitulé “Les jours heureux par le CNR”. Ce dernier a consacré des conquis sociaux majeurs et durables pour les travailleurs, alors régulièrement attaqués par la droite. Nous citerons parmi eux le droit au travail et au repos, la nationalisation de secteurs-clés pour les sortir des logiques de profit, ou encore le droit de se syndiquer ou d’adhérer à un parti librement.

La Sécurité sociale est un joyau du CNR rendant unique le système de protection sociale à la française. En plus de garantir le remboursement des frais médicaux, elle met en place une allocation chômage et instaure le régime de retraite par répartition.

En URSS : la bataille antifasciste contre l’Allemagne nazie

Toujours dans le thème de la Résistance, il est important de souligner le rôle considérable de l’Union soviétique face au fascisme. Bien que l’on puisse reprocher un certain nombre de décisions aux dirigeants de l’URSS, il est impossible de les accuser de ne pas avoir suivi une ligne politique claire et efficace afin de liquider le fascisme en Europe.

C’est bel et bien l’Armée rouge qui a repoussé l’invasion nazie à l’Est et acculé la Wehrmacht jusqu’à Berlin. Les Soviétiques ont en outre libéré le camp d’Auschwitz, envoyé des troupes et des effectifs aux résistants communistes contre Franco ou Mussolini, et mené une politique de dénazification sans concession. Bien loin du cliché hollywoodien opposant les bons États-uniens aux mauvais Soviétiques.

Aux Etats-Unis : le New Deal

Dans le pays où le capitalisme règne en maître et où le mot “communiste” est une insulte, le président Roosevelt a été contraint de déployer une politique interventionniste dans les années 1930. Les Etats-Unis étaient alors à genoux à cause de la Grande Dépression, provoquée par la spéculation et les excès de la finance.

Le New Deal n’était certes pas le socialisme, puisqu’il s’agissait de keynésianisme, mais a tout de même impliqué la création d’emplois, notamment dans la fonction publique, et visait à redresser le niveau de vie des Américains. L’objectif était de mener une vaste politique de travaux publics, d’instaurer un Etat-Providence et de taxer à 90% les plus haut revenus pour financer ces opérations ! Un fait inédit au pays de l’Oncle Sam.

Au Chili : l’Unité populaire

Mais pour autant, l’histoire politique des Etats-Unis est plus souvent faite de choix guidés par l’intérêt des élites, d’autant plus lorsqu’il s’agit de politique extérieure. En particulier, la zone d’influence privilégiée des Etats-Unis se trouvent en Amérique du Sud.

A ce titre, les USA organisaient il y cinquante ans, le 11 septembre 1973, un coup d’Etat au Chili contre le président socialiste Salvador Allende. Élu démocratiquement, il était à la tête d’une coalition des gauches chiliennes anti-impérialistes.

L’objectif de ce putsch était d’instaurer une dictature militaire pro-USA. Mais avant cela, en seulement trois ans le gouvernement “d’Unité populaire” d’Allende a permis, entre autres, la nationalisation de secteurs essentiels ainsi qu’une réforme agraire s’apparentant à une modernisation et une collectivisation favorable aux agriculteurs et à la population.

En Afrique du Sud : la lutte contre l’apartheid

A l’autre bout du monde un autre homme a été persécuté pour ses idées progressistes : Nelson Mandela, à qui l’emprisonnement politique a privé une partie de l’existence. Parmi ceux qui n’ont pas été assassinés pour leur engagement, de nombreux militants anti-apartheid ont aussi connu le temps de l’incarcération.

C’est seulement en 1991, après 27 ans de détention, que Mandela est libéré de prison. Cette date représente aussi la libération de tous les Noirs Sud-Africains jusqu’alors enfermés sous un régime légal raciste, associant le statut social des individus à leur couleur de peau.

La lutte a été rude et longue mais a fini par payer. L’apartheid a pris fin après un siècle de domination britannique. Aujourd’hui, les militants anti-impérialistes peuvent espérer une issue semblable pour les Palestiniens en lutte contre la colonisation et l’apartheid mis en place par Israël. Président, Nelson Mandela dénonçait déjà la situation en Palestine et la comparait à l’Afrique du Sud.

Des victoires porteuses d’espoir ?

Aujourd’hui, ces avancées audacieuses et ambitieuses doivent nous inspirer et nous inciter à combattre sans relâche. Nous n’avons fait ici qu’une brève compilation de ce qui a été réalisé dans le monde : il serait impossible de citer tous les apports de la gauche au société dans le monde.

Entre la chute de l’analphabétisme à Cuba à partir de 1953, la protection de la forêt amazonienne et des populations indigènes sous les présidences de Lula, et l’augmentation du salaire minimum en Chine en 2011 grâce aux grèves, en passant par les campagnes de vaccination massives au Burkina Faso et la récente légalisation de l’avortement au Mexique, de nombreux progrès méritent d’être évoqués.

Peu importe l’issue, la dignité est dans le camp de ceux qui luttent. Il est ainsi essentiel de se souvenir que toutes les grandes victoires furent obtenues par l’apprentissage de nombreux petits échecs.

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