Cette année, 46 % des Français ne sont pas partis en vacances, et seulement 37 % des plus modestes ont eu cette chance. De toute évidence, la perte de pouvoir d’achat des Français fait petit à petit reculer le conquis social du droit aux vacances.

En effet, le premier frein du départ avancé par les Français est le manque de moyens financiers. À l’heure où l’inflation exponentielle remet en question le droit aux vacances, il est intéressant de se pencher sur ce combat historique de la gauche.
La genèse du droit au vacances
Si les premiers congés payés, réservés aux fonctionnaires, ont été instaurés en 1853 sous Napoléon III, c’est dans les années 1920 que l’idée commence réellement à se propager en France, sous l’impulsion allemande.
Dès 1922, le journal L’Information a tenté l’expérience des congés payés. Le directeur technique de l’époque, J.-J. Durand, syndicaliste, réussit à obtenir de la part de l’administration du journal des congés payés pour tous les employés. C’est à ce moment-là que Léon Blum, à l’époque rédacteur au sein du journal, découvre l’idée des congés payés et s’y intéresse véritablement. L’expérience portée par L’Information inspira de nombreux commerces qui, en interne, instaurèrent eux aussi les congés payés.
Les congés payés n’ont jamais fait partie des mesures proposées par le Front Populaire : ce sont les grévistes qui ont pesé sur le débat public pour cette revendication. Au lendemain de la victoire du Front Populaire, ont commencé les « Grèves joyeuses », un mouvement spontané qui s’est rapidement répandu dans toute la France.
Le tournant du Front Populaire
À l’époque, le mouvement fait trembler le patronat et le gouvernement tout juste installé. Léon Blum condamnait ces grèves, car jugées « révolutionnaires ». En effet, le mode d’action est original : c’est la première fois que la France est confrontée à des occupations d’usines. L’ampleur du mouvement, ainsi que sa vitesse de propagation, renforcent la panique conservatrice. Les syndicats se sont retrouvés complètement débordés et en incapacité de gérer le mouvement social, tant il était massif. À son apogée, on décompte 9 000 occupations d’usines et plus de 2,5 millions de grévistes.
Cette grève se termine avec la signature des accords de Matignon. La CGT réussit à obtenir une augmentation générale des salaires, l’établissement de contrats collectifs de travail, l’institution de délégués du personnel, les quarante heures par semaine et, surtout, les congés payés.
Si dans un premier temps, le nombre de congés payés était fixé à 15 jours, les syndicats ont réussi, au fur et à mesure des combats sociaux, à rallonger leur durée. Trois semaines en 1956 sous le gouvernement de Guy Mollet, puis quatre semaines en 1965 et, en 1982 avec les lois Auroux, la durée de congés payés atteint les cinq semaines que nous connaissons.
Un droit qu’il faut continuer de défendre
Si les congés payés ont été un grand pas dans l’avancement du droit aux vacances, ils ne sont pas suffisants à eux seuls pour permettre aux Français de partir. De nombreuses mesures ont été ajoutées au fil du temps. Les réductions annuelles sur les trains, la démocratisation des classes vertes à l’école, la promotion des colonies de vacances subventionnées ne sont que des exemples parmi d’autres.
De nos jours, faire vivre le droit aux vacances reste un combat important des élus communistes. Que ce soit par l’organisation de départ en vacances pour les enfants comme à Stains en Seine-Saint-Denis, ou par des organisations d’événements au cœur des villes comme « Prenez l’été à Malakoff ! », dans les Hauts-de-Seine. Installation de piscine ou de station balnéaire temporaire, sports, projection en plein air, éducation populaire… si les Français ne peuvent plus partir en vacances, les vacances arrivent dans leurs villes !
Bien qu’elles aient un impact positif sur l’économie, notamment sur le secteur du tourisme, les vacances sont avant tout un moment d’émancipation. Un temps de repos, de loisirs, durant lequel notre vie ne tourne plus autour du profit. Il s’agit d’un droit que les travailleurs ont lutté pour obtenir, à destination de tous les Français, et pas seulement des plus aisés. Plus que jamais dans un contexte d’inflation, il est impératif de se battre pour que les vacances ne deviennent pas un luxe.