Violences sexistes et sexuelles dans les universités bordelaises : la lutte féministe continue !

Le 11 avril dernier, le baromètre 2023 des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur a été publié. Basé sur les réponses de 10 000 étudiant.e.s entre 2020 et 2022, il dresse un état des lieux de 12 types de violences dans l’enseignement supérieur.

Au total, près d’un.e étudiant.e sur 10 déclare avoir été victime de violences sexuelles depuis son arrivée dans l’enseignement supérieur. Un bilan alarmant, similaire au baromètre de 2020, qui témoigne des difficultés à mettre en œuvre une politique efficiente de lutte contre les VSS.

Sur le campus bordelais, des initiatives fleurissent pour lutter contre ces violences. Nous sommes partis à la rencontre des acteurs de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur bordelais.

Des chiffres alarmants : que font les universités ?

Près d’un.e étudiant.e sur 10 (9%) déclare avoir été victime de violences sexuelles depuis son arrivée dans l’enseignement supérieur. En école de commerce particulièrement, c’est un.e étudiant.e sur 10 qui a indiqué avoir été victime d’agression sexuelle. La première année d’études est une période clé. La moitié des viols rapportés ont lieu lors de celle-ci, dont 16% lors de la période d’intégration.

Derrière ces chiffres, les parcours de vie sont modifiés. Un tiers des victimes de viol ont eu peur d’aller en cours ou de participer à la vie étudiante et ont eu des difficultés à réussir leurs études par la suite. La moitié des victimes ont vu leur état médical se détériorer, pouvant se matérialiser par des dépressions ou du stress post-traumatique. Une réponse d’ampleur des établissements est donc nécessaire afin d’empêcher ces violences.

Au sein de l’Université Bordeaux Montaigne, la mise en place d’une cellule de veille permet de prendre en charge et d’accompagner les victimes. Après un premier rendez-vous avec un.e infirmièr.e, l’étudiant.e est guidé.e dans ses démarches. Une trace écrite des faits est réalisée, étape difficile mais nécessaire à la gestion administrative du dossier. Toutefois, le temps de décision de cette cellule sur les agressions ou harcèlement sexuels rend difficile la gestion immédiate de la situation.

À Sciences Po Bordeaux, les questions de VSS existent également. L’établissement a été le point de départ du mouvement de libération de la parole Sciences Porcs, en février 2021. Des centaines de témoignages ont pu souligner les problèmes systémiques des violences sexistes et sexuelles que subissent les étudiant.e.s.

Les dispositifs qui existent… ou pas

En réaction, les établissements ont travaillé à une politique de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, en lien avec les associations féministes. Des formations VSS sont aujourd’hui dispensées dans chaque association, qui doit avoir dans son bureau des référents VSS. Une charte VSS est obligatoire pour chaque événement afin d’anticiper et de prévenir tout problème.

Clémence, membre de l’UNEF Sciences Po Bordeaux, souligne que la lutte est cependant toujours d’actualité : “L’établissement ne dispose à l’heure actuelle pas d’un poste de chargé égalité femme-homme. Plusieurs agents administratifs, déjà en gestion d’autres missions, se partagent cette tâche.

Le syndicat étudiant a dénoncé cette situation au conseil d’administration de mars 2023. “Un.e chargé.e d’égalité femme-homme est particulièrement nécessaire avec l’historique de Sciences Po Bordeaux. De plus, l’année de mobilité en deuxième année se fait tôt par rapport aux autres IEP. Nous avons demandé un accompagnement spécifique lors de la deuxième année afin de ne pas laisser seul.e.s des étudiant.e.s en difficulté dans un pays étranger.

Au CROUS, enfin, le dispositif Demandez Angela est déployé. À l’entrée des différents secrétariats d’accueil, les étudiant.e.s trouveront l’autocollant violet qui les invite à demander de l’aide aux agent.e.s qui sont présent.e.s. Ces dernier.e.s reçoivent chaque année des formations contre les VSS et sont aptes à faire face à ce genre de situation. Depuis la rentrée 2022, le CROUS des Résidences Campus Pessac se montre disponible 7j/7 et 24h/24, ce qui rassure les étudiant.e.s sur place. Mais malheureusement, c’est le seul CROUS de Bordeaux à avoir opté pour une telle organisation.

Des réponses politiques sont attendues !

Les politiques menées dans les différents établissements sont des tentatives de réponse à un problème systémique. Elles doivent s’accompagner de réponses de l’ensemble des structures de l’État. Le baromètre des VSS dans l’enseignement supérieur formule plusieurs recommandations, de la généralisation des obligations de lutte contre les violences dans tous les établissements à la formation de l’ensemble de la communauté universitaire à ces questions. La mesure prioritaire est d’augmenter et de pérenniser les moyens financiers et humains liés à la lutte contre ces violences.

Ernestine Ronai, co-présidente de la commission violences de genre au sein du Haut Conseil à l’Égalité (HCE) et membre du Parti communiste français, rappelle que “la moitié de l’humanité dispose du plus petit budget de l’État français !”. C’est pourquoi le Parti communiste français porte la création d’un fonds d’un milliard réservé à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

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