“On ne veut rien de moins que le renversement du régime islamique en Iran”

Les manifestations en soutien au peuple iranien depuis l’assassinat de Mahsa Amini trouvent aussi leur écho en France. Plus d’une centaine de personnes était rassemblée ce samedi 15 octobre à l’appel du Collectif Femme, Vie, Liberté pour l’Iran sur la place de la Comédie à Bordeaux. Nous y avons interviewé Mehrnaz, juriste iranienne et membre du collectif.

Est-ce que tu peux nous dire pourquoi vous avez créé ce rassemblement aujourd’hui ?

Ce rassemblement, c’est l’une des mobilisations qui a été organisée par le collectif Femme, Vie, Liberté pour l’Iran. C’est un collectif bordelais qui a été fait par la diaspora iranienne ici, suite à la révolution qui a été lancée par l’accumulation des révoltes amorcées par le meurtre de Mahsa Amini. Aujourd’hui, on est vraiment face à une révolution, ce ne sont plus des manifestations qu’on voit en Iran. Par rapport au nombre de gens qui ont été tués, notamment des mineurs, jusqu’à des écoliers, on s’est senti vraiment responsable de s’organiser et de faire des rassemblements pour informer le public français et demander du soutien, de l’aide, et l’informer de ce qu’il se passe en Iran, sachant qu’internet est coupé depuis le 22 septembre.

Est-ce que tu peux nous présenter ce Collectif Femme, Vie, Liberté pour l’Iran, ses activités ?

C’est un collectif qui a été créé de manière spontanée, par les appels entre membres de diasporas qui se sont demandés simplement “comment on peut aider nos amis et nos familles en Iran ?” Donc on s’est réuni notamment pour porter la voix des Iraniens et des Iraniennes qui mettent en péril leur vie tous les jours face à la dictature islamique iranienne. On voudrait profiter de notre liberté en France, du droit de manifester et du droit de se réunir, ce que nos amis et nos familles n’ont pas en Iran pour porter leur parole.

Quelles sont les prochaines initiatives que vous prévoyez après ce rassemblement ?

On a à la fois des actions collectives et des actions individuelles par des membres de notre collectif. Ce qu’on a prévu, pour le moment, c’est le samedi 22 octobre : il va y avoir un concert, ici, devant le Grand Théâtre, un concert solidaire par un groupe Kurde iranien, Miksi. Mais aussi, dans les membres du groupe, il y a des Français, des Syriens, et d’autres Kurdes d’autres nationalités qui vont venir nous jouer de la musique autour d’un rassemblement solidaire.

Nous avons un événement organisé avec l’Université de Bordeaux, a priori le jeudi 27 octobre. On va faire une manifestation étudiante le midi avec l’association MEUF et, ensuite, une conférence avec les universitaires à la Victoire.

Est-ce que la lutte que vous menez ici trouve un écho favorable ?

Oui, carrément ! A chaque fois, il y a plein de gens qui viennent, qui nous soutiennent. A chaque fois on a des étudiants, des militants qui viennent nous voir, qui demandent à nous interviewer, qui vont relayer l’information. C’est exactement ce qu’on cherche, c’est exactement ce dont on a besoin. Tout à l’heure, il y a une dame qui est venue me demander : « Dites-moi, comment je peux vous aider ?”. Elle a pris nos contacts et elle va revenir vers nous. On a besoin d’aide pour le côté communication, pour relayer l’information, pour parler autour de nous, sensibiliser. Il y a énormément de choses qui se passent aujourd’hui sur la scène politique, qui sont du jamais vu.

Entre ce qu’il se passe avec la Russie et les problèmes qui existent autour de l’essence en France, notre voix risque très rapidement de disparaître et d’être enterrée sous ces informations-là, et on a vraiment besoin de visibilité. Donc on compte sur les Français, les Françaises et leur solidarité.

Est-ce que vous trouvez que la France en fait assez pour accompagner votre lutte ?

On va séparer les Français et la France en tant que gouvernement. Les Français ont été toujours géniaux, mais aujourd’hui on trouve que le gouvernement du président Macron peut faire beaucoup mieux et être beaucoup plus ferme que de juste condamner. Il y a des choses que nous, on ne peut pas faire, et que lui peut faire. Donc, effectivement, quand on voit des femmes, simples citoyennes, qui se coupent des mèches de cheveux pour être solidaires avec nous, on leur dit merci. Mais quand on voit Anne Hidalgo, par exemple, qui se coupe des mèches de cheveux et que ça s’arrête là, ce n’est pas suffisant. Quand on a du pouvoir, on l’utilise.

En termes de revendications et d’aspirations, qu’est-ce que vous attendez concrètement de ce mouvement ?

On ne veut rien de moins que le renversement du régime islamique en Iran. La république islamique en Iran doit partir et on résistera jusqu’à la dernière minute. C’est exactement ce que disent les gens en Iran. Il n’y a pas de division. Les gens ne parlent pas de la forme du gouvernement le lendemain. Ce qu’il va se passer après, tout le monde s’en fiche pour le moment, tout le monde est uni : il faut absolument que la république islamique s’en aille.

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