Élections italiennes : l’extrême-droite gagne du terrain en Europe

En septembre prochain, l’ancienne militante néofasciste Giorgia Meloni devrait, selon les sondages, arriver en tête des prochaines élections italiennes. L’avancée de l’extrême droite en Europe est une tendance qui se confirme.

Le 25 septembre 2022 vont se dérouler les élections générales italiennes, suite à la chute du gouvernement de Mario Draghi. Il avait remis sa démission une première fois après que le Mouvement 5 étoiles (M5S) ne lui avait pas accordé sa confiance pendant le vote du Parlement. Le président de la République avait rejeté cette démission.

Quelques jours plus tard, Le M5S, la Lega et Forza Italia abandonnent le gouvernement. Draghi a agi en conséquence en remettant une deuxième fois sa démission le 21 juillet. (1)

Depuis, le parti d’extrême droite Frères d’Italie (FdI) est premier dans les sondages au coude à coude avec le Parti démocrate. Toutefois, la coalition qui unit Frères d’Italie, la Lega, Forza Italia et Nous (modérés), devrait gagner ces élections. (2) Le parti Frères d’Italie est aujourd’hui mené par Giorgia Meloni, qui devient la représentante populaire de l’extrême-droite dans son pays, comme d’autres avant elle en Europe.

Orban et son parti, le Fidesz, ainsi que Duda avec le PiS (Droit et justice), sont aujourd’hui les grands représentants de cette extrême-droite européenne. Ils sont devenus hégémoniques dans leurs pays et n’ont plus d’opposition crédible : une vague conservatrice a commencé à déferler sur l’Europe.

À qui la faute ? Le clivage gauche/droite a particulièrement changé dans ces pays, avec des libéraux comme seule opposition de gauche. Leurs programmes ne portent pas de conscience sociale, ils se contentent de privatisations et d’un vague progressisme sociétal.

Une ancienne militante néofasciste à la tête de l’Italie ?

Aux portes du pouvoir, Giorgia Meloni n’a pas un parcours anodin.

À 15 ans, elle rejoint le MSI qui est l’héritier du mouvement fasciste italien. C’est à cet âge qu’elle va même jusqu’à défendre Mussolini en interview. Elle rejoint plus tard la coalition fondée par Berlusconi (Parti du peuple de la liberté) et devient ministre de la jeunesse à seulement 31 ans.

En seulement quelques années, la jeune militante néofasciste est devenue ministre dans un gouvernement de droite libérale. Un changement plus opportuniste qu’idéologique, puisque une fois son travail de ministre accompli, elle rejoint une jeune formation politique nommée Frères d’Italie. C’est une scission “de droite nationale et conservatrice”, considérée comme d’extrême droite, et dans laquelle elle mettra peu de temps à s’imposer.

Même si ce nouveau parti n’est pas officiellement néofasciste, il développe un programme conservateur, nationaliste et légerement eurosceptique. Il se pose comme la seule opposition de droite au large gouvernement de Mario Draghi. (3)

La montée de l’extrême droite en Europe

L’Union Européenne, qui met en avant des idées libérales et progressistes, se trouve aujourd’hui face à une montée des partis d’extrême-droite. Particulièrement conservateurs et se posant en “contre-modèles”, les démocraties illibérales ont du succès en Hongrie et en Pologne, avec Orban et Duda. (4)

Mais dans la plupart des autres pays de l’UE, des partis comparables émergent. En France nous connaissons bien le Rassemblement national et Reconquête, mais il existe Vox de l’autre côté des Pyrénées (parti qui entretient le flou sur l’héritage du franquisme), ou encore l’AfD en Allemagne.

Ces partis se renforcent d’année en année, contrairement à la gauche qui n’arrive plus à apparaître comme une opposition sérieuse, à cause notamment de la droitisation de ses franges modérées.

L’anti-système de droite et la perte du clivage gauche/droite

Le clivage politique en Europe a changé, il est aujourd’hui composé d’une opposition entre libéraux européistes et “progressistes”, et nationaux conservateurs et eurosceptiques. Cette confrontation est visible dans les dernières élections de nombreux pays, en France, en Hongrie, et bientôt en Italie.

La gauche a elle aussi évolué, avec ce qu’on appelle souvent les populistes de gauche : LFI en France, Die Linke en Allemagne, Podemos en Espagne et Syriza en Grèce. Cette gauche est surtout apparue après que les partis sociaux démocrates n’ont plus montré d’envie de réformes sociales. Ce glissement a également montré l’échec de la social-démocratie à prendre le pouvoir et à tenir ses promesses.

De plus, les stratégies d’union face à l’extrême-droite, avec les “barrages républicains » ou autres coalitions, ont contribué à la confusion politique ambiante en montrant l’extrême-droite comme seule alternative anti-système.

Mais anti-système, l’extrême droite ne l’est pas : bien que parfois moins libérale, elle n’inquiète certainement pas la bourgeoisie.

La situation est encore pire dans certains pays comme la Pologne : le parti “La Gauche” propose un programme se concentrant sur des avancées sociétales, en abandonnant les aspects sociaux. Ces derniers sont justement repris et singés par le PiS, créant une situation dans laquelle seule l’extrême-droite porte un programme social. (5)

L’Italie va sûrement être le premier État d’Europe occidentale gouverné par un leader d’extrême-droite, depuis la fin des dictatures de Salazar et Franco. La vague conservatrice ne s’arrêtera pas avant que des partis de gauche ne portent des propositions de rupture avec le système capitaliste.

Par endroit, on aperçoit déjà une porte de sortie, avec par exemple le PTB en Belgique ou le KKE grec : cette gauche de rupture a pour autant encore un long chemin à parcourir.

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