Youtube au service de la propagande anti-chinoise

Dans un contexte international explosif, entre conflit ukrainien et pressions américaines sur Taïwan, la presse occidentale continue un travail de sape avec des journaux toujours plus alignés et de moins en moins critiques. Les positions des médias aux mains des milliardaires ne sont guère étonnantes, voir les idées atlantistes se répandre sur des plateformes plus récentes comme Youtube l’est davantage.

Le youtubeur Johnny Harris, également cinéaste et journaliste proche du New York Times, est un parfait exemple de la façon dont l’agenda otanien a réussi à être relayé par nombre d’influenceurs, tout aussi peu regardants sur la vérité que nos journalistes de la presse capitaliste. 

Dans l’une de ses dernières vidéos “Why China is So Damn Big” il nous raconte dans une ambiance de film d’horreur comment la Chine est devenue si grande. Sans surprise, ce n’est qu’un enchaînement de clichés, fake news et autres énormités qui nous questionnent sur l’honnêteté de la personne.

La Chine des frontières mouvantes

Le vidéaste parle d’un mythe fondateur, qui n’est en réalité qu’un roman national courant dans la majorité des États nation modernes. Cela lui permet de mettre en avant un contre-roman national d’une Chine bien plus petite, voire balkanisée. 

Il s’appuie pour cela sur plusieurs cartes historiques du pays, très différentes les unes des autres puisque c’est une civilisation plurimillénaire, qui s’est étendue et rétractée au cours des siècles. Parmi elles il oublie la plus importante : celle de la dynastie Qing, arrivée au pouvoir quelques années avant le traité de Westphalie, qui donne la base d’un nouvel ordre international, avec des États pleinement souverains dans leurs frontières. C’est justement sous cette dynastie que la Chine va approcher et dépasser les frontières actuelles, mais c’est surtout au 18eme siècle, pendant cette dynastie, que les idées de souveraineté de Westphalie arrivent en Chine. Montrer des cartes antérieures n’a donc que très peu d’intérêt.

À cette époque, les frontières chinoises sont proches de celles que nous connaissons aujourd’hui avec, en plus, Taïwan et la Mongolie.

Ce sont ces frontières que Mao va essayer de réunifier dans le nouvel État chinois car, malgré ce que l’on peut entendre, la civilisation chinoise n’est pas un empire Han mais bien un ensemble d’ethnies et de spécificités régionales. La dernière dynastie impériale était d’ailleurs Mandchoue.

Le Xinjiang et le Tibet

Harris se sert de cet angle pour montrer de la Chine une image coloniale dans ses propres frontières, en parlant notamment de camps de concentration et de stérilisation de masse dans le Xinjiang. Il s’agit d’accusations très graves, sans preuves et rejetées par l’enquête de la Banque mondiale. L’ONU n’a pas non plus repris ces accusations dans sa dernière enquête, l’accusation et l’utilisation abusive du terme génocide est par ailleurs rejetée. (1)(2)

Aujourd’hui, il y a en réalité des centres de formation et quelques camps de déradicalisation, car la Chine lutte contre un mouvement terroriste islamique dans la région autonome du Xinjiang. Les djihadistes sont pour la plupart formés en Afghanistan (qui a une frontière commune avec le Xinjiang) et sont les premiers responsables d’attentats en Chine.

Pour lutter contre ces mouvements, la Chine investit beaucoup d’argent pour développer et enrichir la région mais aussi dans des centres de formation, avec des cours de mandarin et d’instruction civique. Parallèlement elle lutte fermement contre le terrorisme islamique.

Pour le Tibet, il omet aussi de mentionner dans quel état était le Tibet indépendant (1912-1951). L’image la plus répandue est que “le Tibet vivait dans la paix et l’harmonie” (dalaï-lama) ; en réalité il s’agissait d’un pays féodal et encore parcouru de pratique esclavagiste, aboli depuis par le gouvernement communiste.

L’île de Taïwan

La vidéo fait paraître les revendications du gouvernement de Pékin sur l’île de Taïwan comme de l’impérialisme. C’est oublier que le gouvernement de Taïwan (république de Chine) revendique les territoires de la Chine continentale voire plus (Mongolie, Touva).

La rivalité entre la Chine continentale et l’ile de Taïwan n’a jamais été une lutte pour l’indépendance nationale de l’ile de Taïwan, mais un conflit entre un gouvernement nationaliste en exil et un gouvernement communiste bien établi sur le continent. 

Aujourd’hui, malgré de profonds désaccords politiques, il est dur de nier le caractère chinois de l’île.

Les États-Unis ne perdant pas une occasion d’affaiblir la Chine dans leur lutte à l’hégémonie, ils sont logiquement des alliés de Taïwan et n’hésitent pas à aller de plus en plus loin dans la confrontation, avec récemment la visite de Nancy Pelosi sur l’île. Précisons que le gouvernement Taiwanais n’est reconnu ni par les Nations-Unies ni par les Etats-Unis.

La Chine, dans ses lois « anti sécession », a mis un cadre clair pour la réunification, c’est-à-dire la recherche d’une réunification pacifique. Si cette dernière devient cependant impossible, par exemple avec une déclaration d’indépendance de l’île ou un soutien militaire de grande ampleur, la république populaire de Chine imposerait la réunification par des moyens militaires.

Cette vidéo est un florilège de mensonges et d’erreurs grotesque (la civilisation chinoise ne commence non pas dans le fleuve Yangtsé mais dans le fleuve Jaune), cette vidéo n’est pas seulement une preuve que le youtubeur méconnaît son sujet : il s’agit d’une arme politique. 

À quand une vidéo équivalente sur le roman national américain, qui ne manque ni de colonisation ni de génocide ?

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